Prix International de la Ville de Genève 2000

Hiram Lowatt & Placido dans: Les ogres, Paris, éditions Dargaud, 2000
dessin de Christophe Blain et scénario de David B.

Les ogres, p. 44,
storyboard de David B.
stylo sur papier
Les ogres, p. 9,
crayonnés,
crayon sur papier
Les ogres, p. 14,
crayonnés,
crayon sur papier
Les ogres, p. 9,
encrage définitif et mise en couleur sur informatique

Fulgurants ogres

L'imagination fertile de David B. exigerait de lui qu'il soit doté, comme certaines divinités hindoues, de plusieurs bras. II pourrait alors dessiner l'entier de sa production. Pour "Les ogres", c'est Christophe Blain qui prête ses mains et... c'est divin. Car ce deuxième coup - il y a d'abord eu "La révolte d'Hop Frog", formidable western surréaliste - met encore une fois dans le mille. On y retrouve Hiram Lowatt, journaliste au "Secrets of Nature" et son fidèle compagnon, le Rouge Placido. Du Texas, où les objets se rebellaient, ils ont atteint l'Alaska, L'histoire se passe en 1881 et dégage une forte odeur de chair humaine.
Mais qui sont les anthropophages? Le soupçon pèse lourdement sur la tribu indienne des Coeurs de bête emmenée par leur chef Glouton. Et pourtant, c'est le juge Dunbar qui, chaque nuit, est la proie de sanglants cauchemars.
Le dessin de Christophe Blain bouge d'un album à l'autre. Si pour "Hop Frog", il épousait une fluide rondeur, en osmose avec l'onirisme grandiloquent du propos, dans "Les ogres", le trait se fait griffant. Il est acéré à l'image des couteaux qui percent la peau et on y décèle une cruelle jubilation. Le talent, lui, reste déroutant. André Juillard, à propos de Blain, parle de " désinvolture maîtrisée (le contraire du n'importe quoi) ". La remarque claque au vent. On ajoutera que lorsque David B. et Christophe Blain partent en série, ils savent y ménager de véritables surprises d'auteurs. Et la mise en couleur de Walter, à l'ordinateur, sait rendre les justes noirceurs.

Michel Rime

Bibliographie de Christophe Blain